Soirée hommage à la Callas

Médée

Projection en plein air
Jeudi 23 août 2018 à 20h30 - Théâtre antique (Arles)

Alors que l’on a commémoré les 40 ans de la mort de la Callas, il ne pouvait y avoir de XXXIème édition sans une soirée où chant lyrique et cinéma donnent de la voix pour lui rendre hommage …

Après l’avoir chantée à l’opéra, Maria Callas interprète la plus célèbre des tragédies grecques devant les caméras et donne au personnage de Médée une impressionnante humanité. Vous assisterez à une adaptation qui a reçu le prix du meilleur film au festival international du film de Mar del Plata en 1970.

Prélude

Hommage à Maria
Environ 15 min Ensemble lyrique Voce dirigé par Fernande Estève

L’ensemble lyrique arlésien interprètera trois extraits de l’opéra Aïda, un "peplum" lyrique grandiose, composé par Giuseppe Verdi en 1870, qui raconte les amours malheureuses de l'esclave éthiopienne Aïda et du général égyptien Radamès : un chœur de femmes, le duo Aïda/Amonasro et un chœur mixte accompagné par les célèbres trompettes.

Conseils pour bien profiter

  • Les soirées peuvent être fraîches, pensez à prendre une petite veste.
  • N'hésitez pas à venir en avance pour prendre vos billets et vous installer tranquillement.
  • Le Théâtre antique est grandiose mais la pierre des gradins peut être inconfortable pour les derrières délicats. Nous vous conseillons de prendre un coussin pour plus de confort.

Infos pratiques

Date et lieu

Tarifs

  • Plein tarif : 7 €
  • Tarif réduit : 5 €
    (Enfant (-12 ans), Étudiant (-26 ans), Adhérent Péplum, Adhérent Arelate, Billet du jour au Musée Départemental de l'Arles Antique, Carte d'abonnement ENVIA, Pass monument de la ville (Avantage ou Liberté) daté de la semaine du festival)
  • Pass 3 soirées : 15 €
  • Pass 6 soirées : 25 €

Animation

  • Association VOCE, Choeur Lyrique
  • Christophe Champclaux, Spécialiste du cinéma

Projection

  • Film diffusé en version française
  • Version remasterisée

Le film

Médée

Médée (1969)

Réalisé par : Pier Paolo Pasolini
Avec : Maria Callas, Giuseppe Gentile, Massimo Girotti
Nationalité : Allemagne, France, Italie
Durée : 110 minutes
Seul celui qui est mythique est réaliste et seul celui qui est réaliste est mythique.

Synopsis

Aiétès, fils du Soleil et roi de Colchide, région barbare au temps de la Grèce antique, vit pauvrement, dans un petit palais, avec son fils bien-aimé Absyrtos et sa fille Médée, qui est magicienne. La région est menacée par les invincibles Argonautes, conduits par le jeune héros thessalien Jason.
Médée se retire dans le Temple, pour prier. Elle y est abordée par Jason : un sourire, une caresse et elle tombe follement amoureuse de lui. Aidé par la magicienne, Jason parvient à s’emparer de la Toison d’Or et s’enfuit avec la jeune fille, en emmenant en otage Absyrtos. Aiétès poursuit les fugitifs et Médée, toujours en proie à son amour inhumain pour Jason, tue son frère, en démembre le cadavre et en disperse les morceaux, pour obliger le malheureux père à les rassembler – ainsi retardant la poursuite.
Quelques années plus tard, nous retrouvons le couple à la cour du roi de Corinthe. Mais l’ambitieux Jason a maintenant des vues sur la princesse Glaucé, fille du roi Créon…

A propos

P.P. Pasolini nous reporte 10.000 ans en arrière, en des temps préhistoriques ou imaginaires, qui ne sont pas la Grèce antique. Il filme Iolcos et Colchos dans le site rupestre de la Göreme, en Turquie (Cappadoce), et Corinthe est tout simplement une combinaison d’Alep en Syrie et de Pise en Toscane. C’est le théâtre de rites cruels comme le démembrement d’un «roi sacré», en vue d’assurer la fertilité des moissons. Un monde double où se contredisent le marxiste en quête de Dieu : l’enfance et la maturité, la magie et le pragmatisme. Une première partie où Médée est quasiment muette et une seconde, où elle est plus prolixe. «Il y a une Médée barbare et une Médée grecque, il y a le rêve et il y a la réalité», déclarera Maria Callas qui, depuis 1953 et à plusieurs reprises, avait interprété le rôle dans l’opéra de Cherubini. De fait, nombre de scènes sont dédoublées, dont la moindre n’est pas la réception par Glaucé, sa rivale, de la robe empoisonnée…
Le Cycle de Jason et de la Toison d’Or semble encore plus ancien que le Cycle troyen, puisque l’Iliade – comme d’une histoire connue – fait allusion à son fils Eunéos, roi de Lemnos, qui fournit du vin à l’armée des Achéens (Il., VII, 467 etc.). Les versions les plus anciennes n’ont pas été conservées, mais nous sont connues par des allusions dans les auteurs plus récents. Hors ça, l’infanticide reproché à Médée ne semble pas avoir figuré dans les versions antérieures. Ni Hésiode ni Pindare ne signalent la séparation de Jason et Médée. Du reste, pour le premier, son histoire s’arrête au retour à Iolcos.
Dans les Corinthiaques d’Eumélos de Corinthe (VIIIe s.), Médée – qui avec Jason règne maintenant à Iolcos – se voit offrir le trône de Corinthe par son grand-père Hélios (le Soleil), avec l’assentiment de son père Aiétès. Il semble que cette version aurait pu influer sur la trame pasolinienne, quoique prudemment floutée sur ce point. Mais Médée n’est point ici mentionnée comme meurtrière de ses fils.
Selon Créophyle de Samos (contemporain d’Homère), Médée ne fit mourir que le seul roi de Corinthe, Créon; et ce seraient les Corinthiens qui auraient tué ses fils pour le venger (?). Une chose semble certaine : à l’époque classique, à l’Héraion de Pérachora, sept jeunes corinthiens et autant de filles étaient annuellement consacrés à des cérémonies expiatoires – sans que nous sachions clairement si leur mère était tenue pour responsable de leur mort.
En fait Médée – outre le meurtre de son frère Absyrtos, qu’elle découpe en morceaux pour retarder son père à leur poursuite – est surtout connue pour avoir poussé les filles de Pélias à découper leur vieux père et l’avoir mis à bouillir dans un chaudron, dont il était censé renaître rajeuni. Promesse non tenue, bien évidemment !
Qui donc transféra sur Médée le meurtre de ses enfants : Euripide ou un autre avant lui ? Peu importe. Médée est devenue la victime séduite puis abandonnée par un amant opportuniste, arrogant, cynique et… naïf. Sa vengeance consistera à en détruire les royales espérances (Glaucé, Créon) en même temps que les deux fils qu’elle lui a donnés, Merméros et Phérès.
Le film ne le dit pas mais, embarquant sur un char tiré de dragons, Médée s’envola de Corinthe et se rendit à Athènes où elle devint la maîtresse du roi Égée, à qui elle donna un fils, Médos (selon la version très ancienne d’Hésiode, c’était Jason le père de Médos), et chercha à faire mourir Thésée lorsque – devenu adulte – il vint à Athènes se faire reconnaître par son père. Ensuite elle aurait épousé Achille dans les Champs-Élyséens (d’autres versions font d’Achille l’époux d’Hélène ou d’Iphigénie). Mais quoi qu’il en fut Médée passa à la postérité comme l’exemple achevé de la mauvaise mère infanticide(*). Faut-il rappeler qu’en des temps plus anciens, l’idée actuelle de l’«enfant-roi» était, tout simplement, impensable, inimaginable ? En témoignent encore nos contes de fées tel Le Petit Poucet ou Hänsel et Gretel où, en période de disette, ceux-ci sont par leurs parents froidement abandonnés dans la forêt.

(*) Carloni Glauco & Nobili Daniela, La Mauvaise mère. Phénoménologie et anthropologie de l’infanticide, Payot, 1977. Cf. Pasolini, Medea (a cura di Giacomo Gambetti), Garzanti, 1970 & Médée (trad. & prés. Christophe Mileschi), Arléa, 2007.