John Carter
Prélude
L'an 185, deux gladiateurs combattent dans l'arène lorsqu'une mise à mort est réclamée par le public. Notre empereur Commodus doit trancher entre un gladiateur ou l'autre, mais s'il décidait à la surprise générale de changer quelque peu les règles du jeu ?
La projection de ce court-métrage, tourné à Arles et arrivé parmi les finalistes au Nikon Film Festival, sera précédée d’une présentation par un membre de l’équipe de réalisation.
Infos pratiques
Date et lieu
- Vendredi 20 août 2021 à 20h45
- Théâtre antique, 8 rue du Cloître, Arles (localiser)
- XXXIVe Festival du film Peplum
Tarifs
- Plein tarif : 7 €
- Tarif réduit : 5 €(-18 ans, Étudiant (-26 ans), Adhérent Péplum, Adhérent Arelate, Pass monument de la ville (Avantage ou Liberté) daté de la semaine du festival)
- Pass 3 soirées : 15 €
- Pass 6 soirées : 25 €
Animation
- Maxime Flourac, réalisateur
Projection
- Film diffusé en version française
Le film
John Carter (2012)
Synopsis
John Carter, un ancien officier sudiste, mène une vie solitaire en tant que chercheur d’or sans le sou. Après avoir refusé l’invitation d’un officier à se réengager dans la cavalerie, il est mis aux fers mais parvient à s’échapper. Poursuivi par ses geoliers il se réfugie dans une grotte surmontée d’un mystérieux symbole. Il y trouve un médaillon qui le transporte sur la planète Barsoom.
Perdu dans un étrange désert il est capturé par les créatures qui peuplent ce monde. Il va les aider à combattre une menace et découvrir que cette étrange planète n’est autre que…Mars.
A propos
Pour la «Soirée hors frontière», la programmation a retenu John Carter d’Andrew Stanton (2012), une production des Studios Disney d’après le roman Une princesse de Mars (1917) d’Edgar Rice Burroughs — le «père» de Tarzan. Jean-François Rauger, dans Le Monde, renvoyait John Carter «au cinéma d’aventure hollywoodien et post hollywoodien, et plus particulièrement aux péplums et films mythologiques italiens de la fin des années 1950 et du début des années 1960», tandis que Pierre Fornerod situait le film entre science-fiction, péplum et western.
Voici donc une épopée à mi-chemin entre la science-fiction et le péplum. On avait déjà vu Maciste affronter des golems venus d’une autre planète (Maciste contre les hommes de pierre/Maciste contra gli Uomini della Luna, Giacomo Gentilomo, 1964) et, sous les traits de Lou Ferrigno, Hercule se promenait entre les constellations zodiacales (L’incroyable Hercule, Luigi Cozzi, 1983). La mythologie grecque s’accommode très bien des figures astrales, comme le rappelait Hyginus, le bibliothécaire d’Auguste, dans son Astronomie poétique.
Ce que l’on sait moins c’est que le space-opera a été inventé par le grec Lucien de Samosate dans son Histoire vraie (ca +180), un récit où il entendait se moquer de certains fantasmagoriques récits de voyageurs. Son vaisseau emporté par une tempête, le narrateur se retrouvait auprès d’Endymion, roi de la Lune, en guerre contre Phaéton, roi du Soleil. Au cours de son séjour il rencontrait d’étranges et séduisantes créatures mi-femmes mi-arbres qui s’unissaient sexuellement avec quelques-uns de ses compagnon, lesquels devenaient eux-même végétaux. Dans les armées en présence, on rencontrait d’improbables oiseaux dont les plumes étaient d’herbe, et aussi des Hippomyrmiques chevauchant d’ailées fourmis géantes, des Caulomycètes armés d’asperges-lances et de champignons-boucliers, ou des Psyllotoxotes montant des puces grosses chacune comme… douze éléphants !
L’Histoire vraie inspirera la postérité, notamment Les aventures du baron de Munchhausen, également connu en France sous le nom de Baron de Crac, autre somme d’invraisemblables mais rafraîchissantes péripéties. En 1943, dans le film de la Ufa, pourchassé par l’Inquisition il s’évadait de Venise en montgolfière et atterrissait sur la Lune, où une journée de 24 h équivalait à une année terrestre ! À demi-végétaux, les enfants des Sélénites naissaient de courges; par ailleurs leur tête pouvait se séparer du corps exactement comme la fleur d’un bouquet.
John Carter est le héros d’une série de trois romans dont le premier épisode fut prépublié en feuilleton en octobre 1912 dans le magazine All-Story Magazine, sous le titre Under the Moons of Mars, et en roman à partir de 1917 : Le conquérant de Mars (A Princess of Mars), Les Dieux de la planète Mars et Le Seigneur de la Guerre de Mars. D’autres suivront — onze en tout — jusqu’en 1941.
En 1868, John Carter, un ancien officier de l’Armée confédérée, est devenu chercheur d’or. La téléportation interplanétaire suppléant au pragmatique canon julesvernien (!), il découvre une grotte en connexion avec la planète Barsoom (Mars), que se disputent deux communautés humaines, Zodanga et Hélium — mais aussi des humanoïdes verts à quatre bras, les Tharks.
Sur Mars, Carter va s’éprendre de la princesse Dejah Thoris d’Hélium — de gentils écologistes — qu’il va soutenir dans leur guerre contre les impérialistes pollueurs de Zodanga !
Un film historique (ou de SF) nous parle toujours d’une situation actuelle sous prétexte d’évoquer un temps passé ou mythique. Les scènes martiennes ont été filmées dans quelque désert de l’Utah, mais voici que ce jeudi 18 février 2021 le robot Perserverance vient de se poser sur Mars, nous envoyant (à quelques lacs près !) des images peu différentes de l’agonisante planète Barsoom, laquelle à la réflexion pourrait être la nôtre.
À côté de Tarzan et du cycle de Mars, Burroughs a également situé sa prose dans divers autres mondes fabuleux: sur Vénus (Amtor), en Antarctique (Caspak) ou au centre de la Terre (Pellucidar). Les années ’50-’60 étant une période de décolonisation en Afrique, Hollywood préférera envoyer l’Homme-singe en Amérique du Sud ou en Inde, tandis que Cinecittà l’annexera au péplum — mais en le rebaptisant «Taur», sous la menace des héritiers d’E.R. Burroughs : Taur, roi de la Force Brutal (A. Leonviolà), Les gladiatrices (A. Leonviolà), Tarzan chez les Coupeurs de Têtes/Maciste contro i Tagliatori di Teste (G. Malatesta, 1963) etc.
L’unique Tarzan où celui-ci rencontrera les Romains est l’épisode 2 de la série TV Les aventures fantastiques de Tarzan/Tarzan : The Epic Adventures) (Brian Yuzma, 1996-1997). Cet épisode, La Légion perdue, s’inspirait du roman Tarzan et l’Empire romain/Tarzan s’évade (1928).
Michel Eloy