Hercule contre les vampires
Prélude
Contrairement à leurs cousins grecs, les Romains ne mettent pas beaucoup en avant le sport-compétition. Deux aspects sont bien plus importants sous le Haut-Empire : l’aspect sanitaire, de bien-être, de plaisir, voire de santé et celui du spectacle. Alors tous au stade avec nos aïeuls grecs et romains !
Infos pratiques
Date et lieu
- Mercredi 18 août 2021 à 20h45
- Théâtre antique, 8 rue du Cloître, Arles (localiser)
- XXXIVe Festival du film Peplum
Tarifs
- Plein tarif : 7 €
- Tarif réduit : 5 €(-18 ans, Étudiant (-26 ans), Adhérent Péplum, Adhérent Arelate, Pass monument de la ville (Avantage ou Liberté) daté de la semaine du festival)
- Pass 3 soirées : 15 €
- Pass 6 soirées : 25 €
Animation
- Société ACTA
Projection
- Film diffusé en version française
- Version remasterisée
Le film
Hercule contre les vampires (1961)
Synopsis
Dans le but de s’emparer du trône d’Oechalie, le roi Lyco envoûte la princesse Déjanire et la sacrifie aux forces des ténèbres. Pour sauver sa bien aimée, Hercule consulte l’oracle qui lui révèle que son seul espoir est une pierre magique cachée au coeur du royaume des ténèbres.
Avec l’aide de Thésée et de Télémaque, il entreprend un voyage vers le jardin des Hespérides pour ramener la pomme d’or qui le conduira aux portes du royaume des enfers.
A propos
Il faut se méfier du cliché touristique d’une Grèce de marbre blanc éclaboussée de soleil ! La Grèce, c’est aussi les Balkans — le pays des Oupires, Wampyrs, Wurdalaks, Broucolaques etc. —, dominés par la chaîne des Carpathes où, reclus dans quelque sombre forteresse, Dracula semble se pourlécher les babines ! À Athènes comme à Rome on avait à se protéger des défunts qui, tous les ans, venaient hanter leur famille.
À Athènes c’était pendant les Anthestéries ou Fête des fleurs, dédiées à Dionysos. Dépecé par ses cousins, les Titans, ce jeune dieu avait été mis à bouillir dans un chaudron, puis ressuscité des Enfers. Commémorant le réveil de la nature, après l’hiver, et la complète fermentation du vin, la fête durait trois jours, les 11, 12 et 13 d’Anthestèrion (février-mars), huitième mois de l’année athénienne.
Le troisième jour des Anthestéries, des libations de vin étaient faites sur les tombes familiales, car l’on pensait que, pendant ces fêtes, les âmes des défunts erraient hors des Enfers. Des défunts parents qu’il fallait se concilier, si l’on ne voulait pas les irriter et s’exposer à leurs persécutions.
À Rome, les Lemuria (ou Lemuralia) se nommaient à l’origine Remuria, en souvenir de Remus assassiné par son frère Romulus. Elles se célébraient les 9, 11 et 13 mai. Le mois de mai (maius) tirait son nom de maiorum, «les ancêtres».
Les Mânes ancestrales ayant connu une mort violente sortaient des Enfers et revenaient là où elles avaient autrefois habité, hantant leurs descendants. Si elles n’étaient pas correctement reçues, elles pouvaient se révéler fort malveillantes.
Alors, le pater familias leur offrait un plat de fèves noires qu’il mâchouillait et, fermant les yeux, les recrachait par-dessus son épaule en leur intimant, à neuf reprises : «Mânes de mes pères, sortez !» Toute la nuit, on faisait retenir des vases d’airain pour les renvoyer d’où ils venaient [Ovide, Fastes, V, 419-492].
Après le succès du Cauchemar de Dracula (1958) et avant d’entamer son cycle hammerien avec Dracula Prince des Ténèbres (1966), Dracula et les Femmes (1968) etc., Christopher Lee — d’origine italienne par sa mère — était allé en Italie tourner quelques films fantastiques (Les Temps sont durs pour les Vampires, Steno, 1959; La crypte du Vampire, Camillo Mastrocinque, 1963), dans des rôles tout sauf vampiriques, encore qu’entre les deux il semble quand même en interpréter le personnage. Dans le présent Hercule all centro della Terra (1960), Lycos prête à discussion : est-il vampirique ou simplement une émanation du monde infernal ?
Dans les années ’50 directeur de la photo apprécié (R. Freda, P. Francisci), Mario Bava passe à la réalisation. Après le succès du Masque du Démon (1960), tiré d’une nouvelle de N.V. Gogol [Vij, 1835] et en attendant la séquence «Le Wurdalak» des Trois visages de la Peur (1963), d’après A. Tolstoï [1847], Bava se distinguera dans le vampirisme transalpin comme une sorte d’arbitre des élégances…
Dans le cinéma mythologique, une caractéristique du fils de Zeus est son addiction à l’épisode de la descente aux Enfers, douzième de ses travaux.
Déjà dans Les Travaux d’Hercule (1957), Hercule-Steve Reeves s’était approché du vestibule, dans une séquence inspirée d’Œdipe à Colone. Il s’y promènera carrément en 1960 (Les amours d’Hercule [C.L. Bragaglia], La vengeance d’Hercule [V. Cottafavi] et Hercule contre les Vampires — ce dernier titre fournissant plus tard de larges stock-shots pour le Défi des Géants [M. Bright, 1965]).
Déjà Mario Camerini avait fait découvrir le monde des morts à Kirk Douglas (Ulysse, 1954) et Maciste lui-même s’y laissera tenter (Maciste en Enfer, 1962 [remake du film de 1926]).
Astucieusement les trois «Hercule» de 1960 trouvaient leur origine dans Hercule furieux d’Euripide : rentrant de son expédition dans le souterrain séjour, le héros se heurte au tyran Lycos qui veut immoler son épouse Mégarée (devenue Déjanire à l’écran). À partir de là, les scénaristes s’efforcèrent de trouver une trame originale — le présent film se rattachant clairement au thème des lémures sortant de leur tombe, tantôt sous l’espèce d’effrayantes ghoules, et tantôt comme l’avenante Déjanire.
Michel Eloy